Il y a cent ans mon grand-père essayait de survivre dans les tranchées de Meurthe et Moselle. Il écrivait ces mots que je déchiffre aujourd’hui dans son petit carnet noir.
La transmission, qui n’a jamais été orale, se fait in extremis. Le petit carnet retrouvé en 2010 à l’occasion d’un déménagement a bien failli disparaître. Les pages ne tiennent plus que par un fil.
Il y a cent ans mon grand-père était bien loin d’imaginer qu’un jour l’une de ses petites filles déchiffrerait son carnet et que ses phrases seraient intégrées dans un travail graphique. Sa main a écrit ces mots et un siècle après ma main les recopie. L’œuvre achevée, le texte peut avoir été totalement recouvert. Il n’est pas indispensable qu’il soit lisible, c’est l’acte d’avoir mêlé nos deux écritures qui importe. Le titre de l’œuvre devient alors le seul témoin visible de cet écrit.