Septembre 2020. Nous sortons de l’expérience inédite du premier confinement. Je passe beaucoup de temps dans la nature. Je suis en deuil de mon père – qui aimait les arbres. Avec ma fille alors âgée de deux ans, nous nous évadons à la moindre occasion au parc floral, et plus particulièrement dans le monde extraordinaire des Bonsaïs.
Le vertige dans le rapport d’échelle que provoque l’observation de ses arbres miniatures fait écho à la sensation de liberté retrouvée à la vue des grands arbres et du ciel après avoir été enfermée dans un studio de 30 m2, comme celui que nous habitions à l’époque. (nous en sommes sortis, merci !)
Nous découvrons un univers secret et fantastique, comme si c’était le monde des fourmis, des créatures qui jouent à cache cache avec nous, parfois humaines, souvent plus proches des insectes ou des chimères. Nous les suivons et pénétrons dans un monde qui grouille, des personnages, des corps qui s’entrelacent, des corps nus. C’est vivant.
Je comprends que nous sommes peut-être là dans une autre dimension spatio-temporelle. Alors il faut que j’arrête le temps afin de percevoir cette vie. C’est la seule manière d’en faire véritablement l’expérience et de rendre cette expérience visible.
C’est à ce moment que je prends la photo : là, j’ai vu des yeux, je me suis sentie regardée. C’est ce regard que j’ai voulu capter. Le regard du bonsaï sur notre monde.
D’une certaine façon, cette série de photographies, c’est un échange de regards, un dialogue. Comment nous voyons le monde des bonsaïs, comment les bonsaïs nous voient.
Ces photos ont toutes été réalisées dans le pavillon bonsaïs du parc floral de Paris avec l’accord et la complicité de Madame Hsiu Lan Fourtinon.